La pratique chamanique
Être relié aux ressources du vivant
par Liliane van der Velde
Quand les Peuples Premiers perçoivent qu’il manque une part vitale à une personne, que son âme n’est pas bien incarnée dans son corps, ils vont faire des pratiques pour raccorder l'âme. Souvent les maladies – et pas seulement les symptômes physiques les maladies psychiques, les accidents également - sont des indications qu’il faut rétablir le lien à l'âme.
L'âme c’est la dimension invisible intelligente qui nous anime. Tout dans l’univers est animé par une intelligence invisible. Cette intelligence anime aussi les espèces, les arbres, les lieux et même les pays. Et en tant qu’être humain, on a aussi une dimension invisible reliée à cette toile du Vivant qui nous anime et qu’on appelle notre âme.Dans notre société actuelle beaucoup de personnes sont peu reliées à leur âme et à la toile du Vivant. et cela peut se manifester par de la dépression, une maladie psychologique, un désintérêt de la vie. Ces états sont l’expression d’une perte d’âme.
L'âme va envoyer des signaux à travers des symptômes, des maladies. Plus on est associé à son âme, plus on va aussi être relié à son corps, en bonne santé et à sa place dans la vie
Il y a différentes causes possibles de la mise à distance de l'âme.
Par une évènement brutal : un accident, une chute, la perte de quelqu’un, la perte de son pays, la perte de son travail ; dans ce cas il y a un choc important identifié qui fait que l’âme se dissocie de nous.
Par le terrain hérité : si il y avait déjà une faible connexion à qui l’on est, à ce pour quoi on est là, à l'environnement ; et cette faiblesse du lien augmentant ensuite avec l’éducation, avec certains faits sociétaux (tel que le harcèlement moral au travail), alors la coupure devient chronique et peut conduire à une dépression durable.
Le teme chamanique parle de « perte d’âme » mais en réalité il y a encore des liens avec elle, mais ils sont ténus.
On s’est rendu compte, dans les soins chamaniques , que ce qu’on appelle « perte d’âme » peut être la perte de n’importe quelle partie de soi. Par exemple, je peux perdre le lien avec une partie de mon coeur; bien sûr je ne peux pas perdre la moitié de mon coeur, mais je peux perdre le lien avec une partie de mon coeur, si je perds mon enfant, si je perds mon conjoint ou quelqu’un qui m’est très cher et avec qui j’ai eu de forts liens de coeur. Dans la douleur de la séparation, il se peut que je me coupe d’une partie de mon coeur en lien avec la relation perdue; et les capacités liées à mon coeur vont aussi être coupées. Par exemple, je vais peut-être perdre la confiance en moi-même, dans mes sentiments, la confiance dans les autres, ou la capacité à m’engager dans une relation ou toute la créativité qui faisait partie de cette part de moi coupée.
les gens qui souffrent d’une perte de part de soi sont en souffrance en général. Ils ont moins d’intérêt dans la vie, moins d’intérêt dans les relations, ils s’ennuient et ils peuvent développer des pathologies physiques, c’est-à-dire que notre corps physique, qui est vraiment très en lien avec l’âme, va donner des signaux pour dire qu’il faut réparer quelque chose, il faut retrouver ce lien, pour que le corps se sente à nouveau dans son intégrité.
Les traumatismes peuvent entraîner des pertes d’âme. Quelqu’un peut être traumatisé au point qu’il est sidéré, anesthésié et qu’il n’a pas la conscience de sa perte d’âme mais les autres autour de lui en sont bien conscients.
Dans les cas graves comme pour des personnes mourantes, l’Homme ou la Femme-Médecine va voyager dans les autres mondes, pour aller rechercher cette partie et la ramener, dialoguer avec elle, pour savoir de quoi elle a besoin pour revenir et se réassocier au corps du malade.
L’homme-médecine ou la femme-médecine utilisent cette pratique avec la personne seule, ou bien un groupe entier peut collaborer, par exemple à travers la pratique du « spirit canoé » : tous les membres du groupe voyagent dans la réalité chamanique pour aller chercher la partie perdue du malade, la ramener et le thérapeute va alors la lui insuffler.
Et la personne doit ensuite nourrir le lien avec les parties retrouvées et leur donner une place dans son quotidien...
Cette pratique s’applique quand la personne est malade, en souffrance et que son état nécessite des aides extérieures pour faire ce travail.
Mais pour les personnes pour les personnes valides, c'est une façon symptomatique de travailler. Certains pratiquent le recouvrement d'âme de cette manière... Il faut comprendre que cette part d'âme n’est pas partie sans raison, il faut réparer le terrain aussi qui a favorisé la perte d’âme.
Mais il existe plusieurs façons de procéder.
Si on ne répare pas ce terrain, si on ne crée pas une nouvelle matrice pour l'accueillir, la partie retrouvée aura du mal à se greffer et rester rester. On va faire un travail symptomatique qui va soulager sur le moment, mais qui n’est pas suffisant pour entretenir la relation avec cette part de soi.
Avec l'Approche Chamanique de la Thérapie, c’est une autre façon de travailler, on va faire plusieurs soins et la personne aura du travail à faire en plus pour nourrir la relation intime avec cette partie à intégrer. C'est une façon progressive de travailler, pour réparer ce lien, cette relation abîmée avec cette part d’elle. Ça peut être qu’elle doit faire des deuils, soigner des émotions, ou faire des rituels de réparation pour que vraiment cette partie reste.
Une troisième façon, c’est avec la méthode du voyage chamanique, si la personne a appris elle-même à voyager et communiquer avec l’invisible, dans les autres mondes. Elle a rencontré son Animal Totem qui peut la guider dans ces autres mondes pour aller rencontrer les parts manquantes et réparer le lien avec celles ci. Il la guidera vers des ressources manquantes pour la soigner dans sa propre souffrance, puis pour créer un endroit sécure pour l'accueillir,une nouvelle matrice de gestation, pour que cette partie qui lui manque puisse s’approcher d’elle et rester. Et il faudra aussi dissoudre les contrats de survie qui entretiennent la dissociation, comme par exemple « jamais plus je n’aimerai », « on ne peut jamais faire confiance aux hommes ou aux femmes », « comme on le dit dans ma famille, la réussite, c’est pas pour nous ».
Et il y a de nouveaux choix à instaurer pour faire de la place à cette relation avec son âme. Et ensuite communiquer avec elle : « De quoi tu as besoin pour rester avec moi ? Qu’as-tu besoin que je fasse dans mon quotidien pour que tu puisses exprimer tes talents ?».
Pour que l’âme puisse amener sa créativité, elle va peut-être demander de changer des habitudes néfastes, de faire plus ce qu’on aime et qui fait du bien pour la santé. D’ailleurs souvent les habitudes néfastes comme les addictions, les relations négatives, sont des symptômes ou des compensations de perte d’âme...
Ce sont des parts, des aspects de notre âme, ce n’est pas l’ensemble de notre âme qui est perdu.S’ils sont coupés suite à un traumatisme, quand on va s’approcher de ces parts-là, souvent la mémoire des chocs va remonter et toutes les compensations qui se sont mises en place et qui font écran avec l’âme . On va devoir les transformer et on demande l’aide des Esprits Alliés pour cela. Cela peut être des esprits de la nature, ou des qualités qui nous ont manquées : du soutien, de la protection de la Grand-Mère Terre, si on n’a pas été choyé et qu'on n’a pas reçu la sécurité pour accueillir notre âme. En recevant leurs ressources, cela va lever des schémas qui interfèrent et, peu à peu, cette part oubliée va s’approcher de nous.
Elle peut avoir un aspect sans forme, comme de la lumière, des couleurs.... Elle peut aussi prendre forme petit à petit, ça dépend de l’intention qu’on a quand on fait ce travail.
Cette part semble parfois inconnue quand elle arrive et ne devient familière que peu à peu, parce que c'est comme s’ils ne l'avaient même pas connue depuis leur naissance. Ce lien est là depuis avant la naissance, mais elle n'a pas eu l'occasion d'être vu ou nourri.
Pour d’autres, c'est quelque chose qui s'est arrêté à quatre ou cinq ans, quand on s'est moqué d’eux à l'école en disant : « tes dessins, c'est nul » et ça va couper cet élan et ce lien avec cette part de soi « créative », la partie créative de l’âme.
Les premiers effets, souvent, c’est d’avoir un forme de soulagement et en même temps des écrans qui séparaient de cette part retrouvée, remontent. C’est comme pour comme une greffe d'organe ; il faut le temps que la part se greffe et que tout le système se réorganise autour de ça. Je dis en exemple : quand vous avez marché toute votre vie avec seulement une jambe en rêvant d'avoir deux jambes pour pouvoir danser, le jour où on vous la greffe, il faut changer votre garde-robe, vos activités,peut être même vos amis, il faut changer l'image de soi victime, .... donc en parallèle un phénomène de désintoxication du passé doit se faire. Cela a besoin d’être accompagné ... Et il faut aussi se réapproprier cette partie retrouvée, jusque dans le corps et dans le quotidien. D’une façon générale, la personne se sent plus entière, si elle est capable d’entretenir le lien à travers des pratiques avec cette partie d’elle.
Après ce travail, les personnes sont plus présentes, plus consistantes et plus visibles. Leurs visages changent, elles sont plus vivantes, plus rayonnantes ; leurs relations s’apaisent aussi et quelque chose se pose à l’intérieur... Ça se fait progressivement dans un processus avec cette part retrouvée. On observe aussi de la créativité qui se développe, la santé qui s’améliore et plus d'assurance pour entreprendre leurs projets..
C'est important de se rendre compte que nous devons tous, malades ou pas, prendre soin du lien avec notre âme qui nous nourrit en retour. L’écouter, se mettre en lien avec notre coeur, pour sentir s’il est bien habité. Sentir aussi notre corps en entier et faire ce qui le renforce, lui donne de l'énergie et de la créativité. L’âme et le corps sont liés et il faut nourrir les deux.