La pratique chamanique
Être relié aux ressources du vivant
Liliane van der Velde est la fondatrice de l'école Nature Conscience et Chamanisme. Initiée au voyage chamanique en 1983 par Michael Harner, elle transmet depuis trente ans la vision ancestrale systémique, selon laquelle tout est inter-relié et animé par une intelligence créatrice.
Depuis quelques années, elle accompagne professionnels et entreprises dans un travail de reliance avec l’esprit de leur organisation et de leurs projets, afin qu’ils puissent retrouver du sens, s’épanouir et contribuer au mieux à l’évolution collective.
Sacrée Planète : Vous proposez aux professionnels et entreprises un travail en constellation systémique ou en voyage chamanique afin de pouvoir se relier et coopérer avec l’esprit sous-jacent de leur projet. Comment en êtes-vous venue à développer ces outils ?
Liliane van der Velde : Enfant, depuis mon lien à la nature, j’ai vécu une expérience forte de la souffrance humaine et ai eu très vite la vocation de contribuer à l’atténuer. Je me suis d’abord orientée dans la médecine classique avant de me rendre compte qu’elle était inadaptée à soigner la perte de sens dont souffrent tant d’humains aujourd’hui.
Je suis partie aux Etats-Unis où j’ai rencontré les Indiens Hopis et ai été initiée par Michael Harner au voyage chamanique, une méthode ancestrale qui permet de communiquer avec la dimension invisible qui anime tout ce qui vit. Grâce à cette rencontre, j’ai expérimenté que tout ce qui existe est énergie, ou, plus précisément, est fait de champs d’énergie. Les champs sont, au sens profond du terme, l’essence de la matière. Il s’agit de structures invisibles, douées d’intelligence, de mémoire et de conscience, que les chamanes appellent « esprits » et que certains scientifiques reconnaissent aujourd’hui sous le nom de « champs quantiques », « morphiques » ou « morphogénétiques ».
J’ai découvert qu’un grand nombre de blocages et maladies naissent de la perte de lien avec ces « esprits », principes de vie et d’évolution, et aussi et surtout qu’on pouvait entrer en communication avec eux, rencontrer leurs qualités, leurs fonctions, leur langage, etc.
Ceci a été prouvé par le Docteur Gary Schwartz. Il a démontré que toute chose est entourée et ordonnée par une intelligence contenue dans les champs morphogénétiques. Si on les sollicite dans une intention bienveillante, ces champs ou esprits peuvent devenir nos alliés et collaborer avec nous.
A partir de ces prises de conscience, j’ai développé une autre façon de soigner, que j’ai appelée l’ «Approche Chamanique de la Thérapie » ACT, basée sur la reliance à ces champs alliés de guérison. Parmi les personnes qui venaient me consulter, énormément souffraient dans leur travail ou se questionnaient sur une réorientation. Il y a huit ans, en faisant un voyage chamanique pour un directeur qui était dans ce cas, j’ai rencontré pour la première fois l’esprit d’une entreprise. Quelle surprise ! Cet esprit avait des choses à raconter sur ce qui ne fonctionnait pas dans l’entreprise, sur ses besoins. Il montrait comment les humains l’abîmaient et ne connaissaient plus sa véritable fonction, son potentiel... Tout ce qu’il me disait a été confirmé ensuite par ce directeur.
C’est comme cela que j’ai commencé à développer des outils spécifiques pour se relier aux esprits des entreprises. Cette relation retrouvée permet aux humains de retrouver leur place et du sens au sein de leur organisation et de contribuer au mieux au monde auquel ils appartiennent.
S. P. : Au regard de votre expérience, quelle est aujourd’hui votre vision de l’entreprise ?
L. vdV: Mon expérience m’a appris que l’univers est intelligent et cherche toujours à faire se rencontrer différents champs vibratoires, afin qu’ils collaborent et fassent grandir le Tout. L’entreprise ne fait pas exception : elle est un organisme vivant, évolutif, qui a été généré par une convergence de champs et de circonstances. Dans un contexte particulier, des besoins émergent et l’univers essaie d’y répondre au travers de la créativité certains individus et de leur rencontre. L’esprit qui naît de cet ensemble est suffisamment fort pour que l’entreprise prenne forme. C’est une énergie puissante qui se manifeste afin de répondre aux besoins d’une société, et, en même temps, de permettre aux collaborateurs du projet d’exprimer leur potentiel. La situation idéale est que le sens de l’entreprise soutienne l’expression du sens personnel des collaborateurs et vice versa.
Les entreprises ont ainsi un rôle déterminant à jouer, pas seulement au niveau économique : celui de contribuer au mieux à l’évolution collective. En tous cas, c’est ce qu’elles devraient être, mais cela a été dévié dans notre société sur-matérialiste et hyperspécialisée, qui a perdu toute vision d’ensemble et lien avec le vivant. On constate alors dans un grand nombre d’entreprises un manque de motivation et d’énergie, de l’absentéisme, des malaises, des maladies, de la dépression, etc. qui viennent du fait que le lien avec le but, la raison d’être du projet, a été coupé. L’équipe s’est éloignée de la source, au point de ne plus savoir ce qui la fédère et ce pourquoi elle travaille.
S.P. : Pouvez-vous nous préciser de quoi est fait l’esprit d’une entreprise ?
L. vdV : L’esprit d’une entreprise ou d’un projet nait dans un contexte particulier, qui est son « terrain », pour répondre à un besoin ou pour apporter plus de richesse ou d’évolution dans ce contexte. Cet esprit se fonde aussi dans la rencontre avec les fondateurs. Il comprend son histoire, son identité, sa personnalité, ses intentions et ses valeurs particulières. Comme toute chose, il naît de l’invisible au départ, d’une force créatrice, qui se matérialise ensuite au travers des humains et de leurs projets. Comme tout champ quantique, il est une sorte de mémoire, d’intelligence et il évolue grâce aux autres champs avec lesquels il entre en interaction : le contexte historique, les fondateurs, les différents collaborateurs, la localité, les clients, etc.
Pour certaines entreprises, cela comprend aussi un idéal, un langage ou une communication qui leur sont propres.
On peut distinguer l’esprit spécifique à une entreprise et l’esprit global d’une profession : tout comme un arbre a des branches, des feuilles, des fleurs et des fruits différents, mais reliés par le même tronc, chaque projet a un esprit spécifique qui doit être en accord avec le tronc commun.
Ce qu’il faut savoir c’est que plus on fait appel à lui, plus il grandit. C’est comme une force qui s’amplifie et qui va soutenir le développement de l'entreprise. A contrario, quand il ne reçoit pas d’attention, il s’étiole et cela engendrera une baisse de motivation de l’équipe et une perte de clientèle. L’esprit, s’il n’est pas considéré, peut même quitter l’entreprise et partir se réaliser ailleurs !
S.P. : En quoi la reliance à leur esprit peut-elle aider les entreprises aujourd’hui ?
L. vdV: La perte de sens au travail et la dépression qui s’en suit touchent tous les secteurs d’activité et sont de vraies maladies de civilisation. Elles provoquent évidemment une baisse d’efficacité, voire une menace sur la durabilité des entreprises qui ont dégénéré par rapport à leur sens premier. Je propose aux professionnels que j’accompagne de se relier à l’esprit de leur entreprise, car c’est lui qui donne l’énergie et son sens au travail, autant en terme de direction-orientation qu’en terme d’intention ou philosophie. Il est intéressant de bien le connaître et de coopérer avec lui pour pouvoir lui donner la forme et le cadre adéquats.
On cherchera par exemple à savoir si l’esprit du projet est en cohérence avec celui de la région, du pays, des clients, avec les valeurs ou capacités des collaborateurs, etc. afin de pouvoir faire converger au mieux tous les paramètres de réussite du projet. C’est un vrai partenaire sur lequel s’appuyer. Il signale les nœuds et les incohérences mais aussi les potentiels et ressources inexploités. Se relier à lui insuffle l’inspiration et la créativité, apporte cohérence internes, stimule l’efficacité et la vitalité de l’entreprise. Ceci augmente également le flux d’échanges positifs avec les partenaires externes.
Dans ce travail, de nombreux blocages disparaissent d’eux-mêmes. Ils naissent souvent du fait de s’être éloignés de cette intelligence. En s’y reconnectant au travers de voyages chamaniques ou de constellations systémiques, les personnes trouvent d’elles-mêmes, facilement et rapidement, des solutions bénéfiques pour chacune des parties.
S.P. : Pouvez-vous nous parler de la spécificité du travail de constellations que vous enseignez ?
L. vdV: L’un des premiers principes chamaniques est que tout effet visible n’est que la matérialisation d’intentions émergeant de la sphère invisible. Pour générer un résultat, il faut donc travailler à la source, c'est-à-dire sur l’origine des différentes dynamiques. Selon cette approche, les constellations d’entreprise permettent de percevoir et de modifier les dynamiques sous-jacentes d’une situation professionnelle. Elles montrent ce qui se joue au fond dans une entreprise : quels sont les rapports entre les services ou entre les différents niveaux de management, les interactions entre l’entreprise, les produits, les clients et les points de vue, et surtout la présence possible de potentiels non utilisés dans le système.
La spécificité de mon travail est de toujours ajouter l’Esprit de l’entreprise ou du projet dans la constellation, afin de vérifier s’il est reconnu et en phase avec les autres forces en jeu. Sa présence permet de stimuler l’intelligence et la créativité, mais révèle aussi les incohérences et les nœuds dans le système.
S.P. : Concrètement, comment se déroule une constellation professionnelle ?
Il s’agit de mettre en scène une situation professionnelle en demandant aux personnes présentes de jouer un rôle et d’exprimer ce qu’elles ressentent à cette place.
Prenons un exemple concret. Un professionnel me sollicite afin de savoir comment optimiser les chances de réussite de l’un de ses projets. Avec mon aide, il clarifie quels sont les éléments concernés par sa question (personnes, fonctions, concepts, etc.) : le responsable de projet, le directeur, le donneur d’ordre, les clients, le but du projet... Ces différents éléments sont alors représentés par des objets symboliques, feuilles de papier ou des personnes présentes choisies « au hasard » par le consultant. C’est la mise en constellation de la situation. Cette mise en représentation mobilise l'intelligence innée du corps physique qui sait instinctivement où et comment se positionner pour sa survie et l'adaptation au contexte. Cette configuration dans l’espace permet de percevoir les interactions entre les différents éléments du système : certains des acteurs se positionnent naturellement proches l’un de l’autre, d’autres éloignés, certains se tournent spontanément le dos, d’autres s’affrontent, certains se sentent en paix, d’autres épuisés... Chacun de ces signes montre les dynamiques en jeu dans la réalité et révèle les liens, les obstacles et possibilités du système.
En modifiant les positions des « acteurs », en rajoutant des éléments manquants, parfois en clarifiant les relations entre les éléments, on peut regarder quelles solutions seraient appropriées pour le thème abordé. Les bonnes solutions sont évidentes : elles apportent force et vitalité à l’ensemble du système et de nouveaux points de vue au professionnel demandeur. C’est gagnant-gagnant pour toutes les parties qui peuvent à nouveau collaborer et contribuer à l’enrichissement de chacun.
On expérimente ainsi que c’est au contact de l’esprit de l’entreprise qu’émergent les idées les plus créatives de noms, de slogans, de communication, qui révèlent et illustrent son sens. On peut également réaliser une constellation pour confronter à l’esprit de l’entreprise des choix à faire en terme de projets, d’investissements, de stratégies, de recrutement, de lieux d’implantation, etc. et percevoir s’ils sont en cohérence et s’ils se renforcent mutuellement. Lors de grands changements au sein d’une entreprise, une constellation peut également permettre de voir ce qui est réaliste par rapport aux moyens de chacune des personnes ou services concernés.
S.P. : L’esprit d’une entreprise tend-il toujours à ramener plus d’harmonie et de coopération ?
L. vdV: Bien sûr, il peut révéler aussi les incohérences dans le système ! Il arrive que des personnes quittent l’entreprise après ce travail, surtout quand il apparaît clairement qu’elles ne sont pas à la bonne place ou pas en accord avec l’Esprit de l’Entreprise !
Dès lors que nous nous remettons à l’écoute des mouvements naturels qui sous-tendent la vie, nous nous rendons compte que tous les systèmes veulent naturellement collaborer, échanger entre eux pour révéler leur potentiel et évoluer pour améliorer le Tout. Ils sont inter-reliés et conscients les uns des autres. Ainsi, l’univers est coopératif, et recherche la croissance, la création et l’harmonie. De ce point de vue, il n'y a pas de conflit, mais seulement des liens ou des capacités oubliés. J’ai pu expérimenter maintes fois ces dernières années comme la reconnaissance mutuelle de deux esprits d’entreprise peut être fructueuse. Prenons l’exemple d’un professionnel qui respecte l’Esprit de sa propre entreprise et apprend à connaître l’Esprit de l’entreprise de son client. Ce dernier lui montre ce dont il a besoin et comment y répondre. Et cela enclenche pour ces deux systèmes une façon bienveillante et directe de collaborer à partir d’une compréhension commune.
S. P. : Ces outils sont-ils adaptés à toute entreprise ? Ne peuvent-ils pas être « récupérés » à des fins commerciales ?
L. vdV: Bien sûr, c’est d’ailleurs une approche très prisée pour le marketing. Les entreprises qui fabriquent de faux besoins pour vendre leurs produits dans un but d’enrichissement anti écologique n’ont pas d’intérêt commercial à faire ce travail en profondeur. Elles sont néanmoins le symptôme systémique de manques et besoins non reconnus de la société, de l’oubli de certains principes vitaux. Et ces places vides sont récupérées par ceux qui veulent en tirer profits au lieu de les soigner.
Il serait intéressant de travailler justement sur les manques et incohérences de la société que cherche à révéler l’esprit de ces entreprises là… mais alors, quand ces manquent seraient reconnus et soignés, ces entreprises perdraient leur raison d’être…
Garry Schwartz
Professeur américain de psychologie, neurologie, psychiatrie et chirurgie à l’Université d’Arizona, Gary Schwartz est un chercheur émérite reconnu par ses pairs. Il a réalisé des travaux scientifiques remarquables pour montrer l’existence de l’âme, des esprits et de l’Esprit. Pour lui, les esprits collaborent bien volontiers avec l’humanité pour expliquer et répliquer en laboratoire les phénomènes extraordinaires ! Dans son livre The G.O.D. Experiments, il montre qu’il y a de très fortes raisons de penser qu’au-delà de ce que nous vivons comme étant de la matière, de l’énergie, et même de l’information, se trouve l’existence d’une intelligence consciente qui infiltre tout, une intelligence « matrice » de tout l’univers. Pour synthétiser les qualités de ce processus intelligent animant l’univers, Garry Schwartz utilise l’acronyme G.O.D.: G pour Guiding, force qui Guide, O pour Organizing, conscience qui organise, et D pour Designing : Esprit qui crée, dans une intention précise.
Schwartz indique qu’il est indispensable de contacter ce champ d’intelligence universel, présent constamment tout autour de nous, pour lui demander conseil et aide.
Schwartz a créé des protocoles de recherche précis dont un dispositif appelé « soul phone » (téléphone de l’âme) qui permet aux esprits de signaler leur présence, de réaliser des opérations élémentaires (augmenter l’intensité et modifier la structure d’onde de rayonnements électromagnétiques), et même d’apprendre à répondre par oui ou par non.
The Sacred Promise, 2011